Parme : les raisons d’une incroyable descente aux enfers

18 mai dernier. L’ultime journée de Serie A donne lieu à un superbe final pour l’obtention d’un billet européen. Quatre clubs peuvent y prétendre, c’est finalement Parme, qui devait s’imposer face à Livourne tout en espérant le faux pas d’un Torino le devançant de deux points à Florence, qui rafle la mise. L’Ennio Tardini aura retenu son souffle jusqu’au bout, et ce pénalty manqué à la dernière minute par Alessio Cerci à quelques kilomètres de là, avant d’exploser. Une belle récompense pour la sensation de la campagne italienne, pour qui centenaire rime avec retour continental, et record d’invincibilité en bonus. La consécration, aussi, pour le projet du président Ghirardi, qui avait repris le club en Serie B 7 ans plus tôt. A ce moment précis, dans la joie et l’allégresse, personne ne se doute que l’heureux événement sera directement à l’origine de grandes difficultés.

C’est pourtant ce qui est arrivé. Dès le triomphe consommé, intervenaient les soucis : pour le retard de paiement d’une taxe – d’un montant de… 300 000 euros – la licence UEFA est retirée au club, qui ne peut tenir son rang pour les préliminaires de Ligue Europa. Le président Ghirardi, déçu, annonce sa démission et la mise en vente du club, et laisse à son administrateur délégué Pietro Leonardi le soin de gérer le quotidien en attendant un éventuel acheteur. De quoi gâcher le mercato : sans proprio, point de ressources, Parme perd quelques-uns de ses meilleurs éléments – Marchionni, Parolo – et ne se renforce pas en conséquence. Lorsque Ghirardi revient aux affaires dans la confusion générale, le marché des transferts est déjà clos et Donadoni condamné à exercer avec un effectif qualitativement plus faible que le précédent.

Plus faible, mais aussi amoindri. Trois cadres sont en effet sur le flanc depuis le début de campagne : Jonathan Biabiany, à qui on a décelé une arythmie cardiaque, le défenseur central Gabriel Paletta et le latéral Mattia Cassani, tous deux opérés récemment du dos. Des joueurs qui restent, seul Cassano, avec ses 5 réalisations, semble être à la hauteur. Dans l’ensemble, les troupes font toujours face au choc psychologique post-privation de joutes européennes. « Le groupe est démoralisé, expliquait encore récemment Ghirardi à TeleRadioStereo. L’amertume est encore forte, nous sommes tous convaincus d’avoir subi un tort et nous n’abandonnerons pas nos convictions ». Bon dernier de Serie A avec seulement 3 points acquis en 9 matches, les Crociati vont surtout devoir trouver des solutions. Pas encore menacé par sa direction, qui lui a réaffirmé son soutien, coach Roberto Donadoni assiste pour le moment, médusé et impuissant, à la descente aux enfers de son groupe. Il ne faudrait pas que le syndrome Sampdoria 2010/2011 – qualifié en barrages de LdC, le club était relégué quelques mois plus tard – vienne frapper un nouveau classique de Serie A…